La grève a été vécue comme un véritable événement dans cette clinique peu habituée aux conflits sociaux et qui emploie environ 700 salariés, indique Armelle Champagne, déléguée syndicale FO. Mais un immense ras-le-bol s’était installé au sein du personnel
et tout a commencé lors des dernières négociations annuelles obligatoires (NAO) en septembre, explique celle qui exerce comme aide-soignante à plein temps dans cet établissement depuis 2009, et en est à son 2e mandat de DS.
La direction nous a proposé une augmentation des salaires de 0,5%, soit une somme totalement dérisoire, poursuit-elle. Dans mon cas, cela représentait une augmentation de... 8,3 euros par mois.
Une proposition qui n’a fait que renforcer la colère des salariés, excédés aussi par le manque de personnel qui rend les conditions de travail extrêmement difficiles.
L’exigence d’une reconnaissance
Nous avons beaucoup de mal à embaucher à la clinique en raison des bas salaires et des conditions difficiles. Nous avons été contraints de fermer des services de la clinique, alors que l’activité au bloc opératoire continue au même niveau. Donc la direction tire sur la corde. Ce manque de reconnaissance a été le coup de grâce pour nous
, souligne Armelle Champagne élue au CSE. Nous avons insisté, mais la direction n’a rien voulu entendre.
En tant qu’aide-soignante, elle perçoit 1 660 euros nets par mois, après 15 années d’ancienneté. Et seulement depuis la revalorisation du Ségur de la Santé en octobre 2021. Jusqu’alors je gagnais environ 1 460 euros nets. Le Ségur nous a aidés, mais ce n’est pas suffisant par rapport à la pénibilité et la charge de travail, et pas suffisant non plus pour attirer des nouveaux salariés.
Débrayage, AG et piquet de grève...
Sans compter que le Covid est passé par là. Et comme dans de nombreuses structures de santé, le souvenir de la pandémie est loin d’être effacé. Création d’un service spécial Covid pour accueillir les malades, réorganisation générale des personnels, changements d’horaires… le personnel s’est mobilisé afin de faire face à la crise sanitaire et s’est adapté à des conditions de travail exceptionnelles. La déception devant cette absence totale de reconnaissance des efforts des soignants a été énorme.
Épuisés mais déterminés, les soignants ont donc voté l’arrêt du travail, le 3 décembre au matin, et pour toute la journée. Réunis en assemblée générale, les salariés font connaître leurs revendications : une augmentation de salaire de 50 euros nets par mois, et la mise en œuvre d’actions concrètes afin d’améliorer leurs conditions de travail, en premier lieu l’embauche de personnels supplémentaires. La direction a été très étonnée par la grève, particulièrement massive, souligne la militante. Nous étions en permanence au moins 200 personnes devant la clinique à nous relayer.
Et dans cette grève, les salariés ont reçu le soutien de L’Union Nationale FO des Syndicats de la Santé Privée
Une augmentation de 50 euros bruts par mois
Contrainte d’annuler la quasi-totalité des opérations chirurgicales prévues, et ne pouvant garder que les urgences et la maternité ouvertes, la direction n’a eu d’autre choix que de revenir à la table des négociations.
Le personnel a ainsi obtenu une augmentation générale des salaires de 39 euros nets par mois, (50 bruts), ainsi que l’engagement à prendre des mesures pour améliorer les conditions de travail, notamment la promesse d’embauches.
Ravie de cette victoire syndicale, Armelle Champagne et les autres organisations syndicales seront toutefois vigilantes quant à la concrétisation attendue de ces promesses. De nouvelles réunions sont prévues afin de pointer les problèmes précis de chaque service, et le personnel sera associé afin de trouver les solutions adéquates
, conclut-elle.
