Pas de quoi pavoiser pour les salariés payés au Smic ou juste au-dessus. Une étude récente du ministère du Travail (Dares) admet que la crise semble avoir plus touché les individus proches du Smic que le reste des salariés en matière d’exposition au chômage et à l’inactivité. Et ce, malgré l’absence d’une revalorisation significative du salaire minimum depuis des années. Car pour de nombreux « Smicards », l’absence de coup de pouce au salaire minimum équivaut une absence d’augmentation de salaire. Or, le salaire minimum n’a pas connu d’augmentation significative depuis 2006 (3 %).
Tombé dans la trappe
L’étude indique que les salariés qui ne sortent pas du voisinage du Smic au bout d’un an ont une probabilité plus faible d’en sortir par la suite. Du coup, la Dares fait état de l’existence d’une trappe à bas salaire dans laquelle peuvent être enfermés des salariés qui s’installent durablement dans des niveaux de rémunérations proches du Smic.
Et pour ceux dont le salaire progresse, près de la moitié demeurent à des niveaux de rémunération inférieurs à 1,3 Smic, c’est-à-dire 1 493 euros net.
Ce niveau de salaire concerne plus les femmes que les hommes. Employés dans une petite entreprise du secteur tertiaire, il s’agit de jeunes de moins de 25 ans avec une faible ancienneté dans l’entreprise. Notons également la forte proportion de contrats courts ou de travail intérimaire.
L’étude pointe enfin le fait qu’une partie des augmentations de salaire s’obtient via un changement de contrat de travail, éventuellement en changeant d’entreprise.
Pas de coup de pouce depuis de nombreuses années
Depuis sa création en 2008 par Nicolas Sarkozy, le groupe d’expert indépendants sur le Smic s’est toujours opposé à un coup de pouce. Actuellement, la loi stipule que le Smic augmente de l’inflation constatée pour les 20 % de ménages les plus pauvres. Un autre critère entre dans le calcul : la moitié du gain de pouvoir d’achat du salaire horaire de base des ouvriers et des employés (SHBOE). S’il n’y a jamais de coup de pouce, l’écart entre le Smic et le salaire moyen des ouvriers et employés augmente. Ce qui accroît les inégalités au bas de l’échelle des salaires.
En décembre 2017, le groupe d’expert sur le Smic, renouvelé quelques mois plus tôt par le gouvernement Macron, remet son avis. Pas de coup de pouce en 2018. Pire, il préconise que le Smic soit uniquement indexé sur l’inflation. Ce qui équivaut à la suppression de son indexation sur la moitié de l’augmentation du pouvoir d’achat du salaire horaire de base des ouvriers et des employés.
Les positions de FO
Si le gouvernement a suivi la préconisation d’absence de coup de pouce, il n’a pas entériné la désindexation du salaire minimum. FO avait vivement réagi contre cette proposition en défendant la revalorisation automatique du Smic basée sur les deux critères. Force Ouvrière regrettant par ailleurs que le débat suscité par les experts ait relégué en arrière-plan l’absence de coup de pouce. Depuis le coup de pouce exceptionnel de 2012, l’augmentation annuelle du Smic horaire brut se situe chaque année entre 3 et 10 centimes d’euros !
, rappelle FO, pour qui l’augmentation du pouvoir d’achat demeure la revendication principale et reste pleinement d’actualité à l’heure des politiques d’austérité budgétaire.
Une position confirmée par l’adoption fin avril 2018 de la résolution sociale. Le texte condamne l’absence de coup de pouce accordé au Smic depuis des années, les gouvernements successifs se cachant derrière des rapports de groupe d’experts dont les conclusions sont connues d’avance. Le Congrès revendique une augmentation du Smic à hauteur de 80 % du salaire médian, soit un montant d’environ 1 915 euros bruts.
D’autre part, FO continue de demander une augmentation générale des salaires de base, pensions, retraites et minima sociaux, ainsi qu’une augmentation du point d’indice dans la fonction publique.