Air Caraïbes Atlantique : bientôt deux semaines de grève à l’appel de FO

InFO militante par Clarisse Josselin, L’inFO militante

Les hôtesses et stewards ainsi que le personnel au sol de la compagnie Air Caraïbes Atlantique sont appelés à faire grève depuis le 11 août par le SNPNC-FO, syndicat majoritaire. Les revendications portent sur les salaires et les conditions de travail. Sans avancées de la part de la direction, le préavis, qui court jusqu’au 25 août, pourrait encore être prolongé.

Air Caraïbes, du mépris du toute la ligne, Rémunération adaptée à l’inflation… C’est avec ces slogans, collés sur des cartons ou sur des valises à roulettes, que des dizaines de salariés d’Air Caraïbes Atlantique ont manifesté le 21 août à l’aéroport de Paris-Orly. Un appel à la grève a été lancé le 11 août par le SNPNC-FO, syndicat majoritaire auprès des hôtesses, stewards et du personnel au sol de la compagnie. Le préavis court jusqu’au 25 août. La moitié du personnel concerné a cessé le travail selon le syndicat.

Pour la compagnie, qui assure des liaisons aériennes entre Paris et la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, Haïti, la République dominicaine, les Bahamas et le Mexique, l’été est la période où la fréquentation est la plus forte. Ce qui n’empêche pas les négociations d’être au point mort.

Dans l’après-midi du 21 août, une nouvelle réunion avec la direction – la troisième depuis le début du conflit – n’a rien donné. Les discussions achoppent toujours sur deux revendications essentielles pour FO : les hausses de salaire et la stabilité des plannings.

Sur la question des rémunérations, FO a refusé les propositions de la direction à l’issue des NAO, contrairement au syndicat minoritaire qui a signé le protocole d’accord. Deux négociations se sont tenues en parallèle, l’une pour le personnel au sol et les hôtesses et stewards, l’autre pour les commandants de bord, explique Jonathan Taiyama, représentant syndical SNPNC-FO chez Air Caraïbes. Au final, les pilotes ont obtenu un accord largement plus favorable que le nôtre avec des augmentations plus importantes et des engagements déjà pris pour 2024. FO revendique un traitement plus égalitaire avec une augmentation des salaires des hôtesses et stewards et des personnels au sol à hauteur de celle octroyée aux pilotes, et des hausses garanties en 2024, afin que les récentes augmentations ne soient pas rattrapées par l’inflation.

Un chiffre d’affaires record attendu en 2023

Les salariés sont d’autant plus remontés qu’ils ont fait des sacrifices financiers durant la pandémie de Covid-19. Dans le cadre d’un accord de performance collective (APC), ils ont dû renoncer à 10% de leur salaire ainsi qu’à leur 13è mois et à leurs heures de nuit. Ce à quoi s’ajoutent les périodes d’activité partielle au cours desquelles leur salaire a été diminué à 75% puis à 66%. Selon notre expert-comptable, on a perdu 23% de salaire durant les années Covid. Même si on a récupéré les heures de nuit en 2022 et le 13e mois en 2023, on ne rattrapera jamais la rémunération des heures de vol perdues. On a donné notre part mais aujourd’hui, au moment de nous redonner, la compagnie ne le fait pas, dénonce le militant FO.

La proposition du SNPNC-FO d’organiser un referendum auprès des salariés à l’issue des NAO a été rejetée. Selon le militant, la direction a préféré appliquer unilatéralement ses propositions, ce qui a déclenché l’appel à la grève le 11 août. Pourtant le groupe Dubreuil, qui possède les compagnies Air Caraïbes et French Bee, affiche une bonne santé financière. Selon Challenges, le pôle aérien du groupe devrait atteindre cette année le chiffre d’affaires record d’un milliard d’euros, avec 2,3 millions de passagers transportés (+15%). Les deux compagnies aériennes devraient aussi renouer avec les bénéfices en 2023.

L’autre point bloquant pour FO concerne la stabilité des plannings. Normalement, les jours de congés récurrents ne peuvent pas être modifiés à moins de 14 jours. Mais la direction voudrait pouvoir imposer des astreintes jusqu’à 48 heures avant ces congés. Elle a finalement proposé une phase test avec des modifications jusqu’à sept jours avant les congés, ce qui ne nous convient pas.

FO dénonce le remplacement de chefs de cabine par des salariés en CDD

La colère des grévistes est aussi attisée par le fait qu’Air Caraïbes Atlantique fait appel à d’autres compagnies via des affrètements – c’est-à-dire la location d’un appareil et de son équipage – pour limiter les effets de la grève et empêcher les annulations de vols. Le syndicat SNPNC-FO dénonce également le non-respect de la loi Diard, qui oblige le personnel gréviste à se déclarer 48 heures en avance. Ce délai doit normalement permettre de prévenir les passagers d’éventuelles perturbations. La loi interdit à la compagnie de se servir de ces déclarations pour réorganiser son activité mais Air Caraïbes s’affranchit de cette obligation. (…) Du fait du nombre important de salariés grévistes et afin que l’activité puisse continuer, Air Caraïbes remplace les chefs de cabine (responsables de la sécurité de la cabine) par des salariés en CDD sous contrat, n’ayant pas suivi la formation adéquate, dénonce le syndicat dans un communiqué daté du 13 août.

Si les vols sont maintenus, les conditions de voyage sont très dégradées, avec plusieurs heures de retard et certains équipages qui ne parlent pas français. La direction préfère dépenser des milliers d’euros pour les affrètements et les dédommagements de passagers plutôt que de mettre la main à la poche pour les personnels, les collègues trouvent ça violent, poursuit Jonathan Taiyama. C’est pourquoi, sans avancées, le préavis de grève, qui courait initialement jusqu’au 15 août, pourrait à nouveau être prolongé à la fin de la semaine.

© FEETS-FO

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération