Une fois de plus, l’ambiance sociale à Air France n’est pas au beau fixe. Ce jeudi 22 février, date d’un comité central d’entreprise (CCE) une dizaine de syndicats de la compagnie –dont pour FO le syndicat des navigants commerciaux et celui des personnels au sol– appellent à une journée de grève assortie d’un rassemblement ce matin à 10h devant le siège de la compagnie à Roissy.
Toutes les catégories de personnels appellent pour le même motif à cette journée de protestation. Cela ne s’était pas vu depuis 1993. Des pilotes (PNT) aux salariés au sol (PS) en passant par les navigants commerciaux (PNC), tous contestent en effet le faible niveau de l’augmentation des salaires prévue par la Direction pour cette année.
Les personnels rappellent qu’ils ont perdu 6% de pouvoir d’achat depuis 2011, date de l’entrée en vigueur d’un gel des salaires qui a perduré jusqu’en 2016. Malgré cette situation, la Direction ne prévoit pour cette année qu’une augmentation générale des salaires de 1% et qui plus est en deux temps : +0,6% au 1er avril et +0,4% au 1er octobre 2018.
Les salariés ne seraient pas raisonnables ?
Cette décision unilatérale de la direction (qui prévoyait initialement une augmentation de 0,6%) découle de la négociation annuelle obligatoire (NAO) pour 2018. Un accord a en effet été signé le 1er février par deux syndicats (CFDT et CFE-CGC) et cet accord validait une augmentation de 1% en deux temps. Depuis ? Plusieurs syndicats –affichant à eux tous une représentativité de plus de 50% des suffrages aux dernières élections professionnelles– ont contesté cette revalorisation en forme « d’aumône » prévue par la NAO. Ils ont donc exercé leur droit d’opposition (le 7 février pour FO) ce qui a rendu l’accord caduc.
Désormais les syndicats non signataires de l’accord, dont FO, demandent que des négociations soient rouvertes. La Direction d’Air France s’y refuse. Elle a indiqué aux syndicats –lesquels ont été reçus le 19 février en amont de la journée de grève– qu’il « n’y aura pas plus » d’augmentation.
Ces derniers jours, à l’occasion d’interviews dans la presse, le P-DG d’Air France-KLM, M. Jean-Marc Janaillac a annoncé la couleur. Pour le P-DG, les revendications des salariés ne sont pas raisonnables
. Accorder une augmentation de 6% à l’ensemble du personnel (plus de 44 000 salariés) aurait un coût de 240 millions d’euros, quasiment équivalent au prix de deux Boeing 787
.
De son côté, le directeur général d’Air France, M. Franck Terner déplore
cette grève et estime qu’elle est une mauvaise chose pour l’image de l’entreprise
et l’entreprise
elle-même. Selon lui, si la compagnie affiche des résultats améliorés
ils restent inférieurs à ceux des concurrents directs tel Lufthansa ou encore British Airways. Il se dit conscient des efforts
réalisés par le personnel mais estime qu’accorder une augmentation des salaires plus importante risquerait d’impacter les capacités d’investissement d’Air France.
Le point de départ d’un rapport de force qui se construit
Pour le Directeur général, l’augmentation prévue en 2018 ainsi que les mesures individuelles et l’intéressement permettraient aux salariés de percevoir cette année entre 3% et 4%
de plus qu’en 2017. Ce n’est pas l’avis des syndicats pour qui l’évolution de l’ancienneté et les hypothétiques promotions ne sont pas des éléments qui ont vocation à rattraper le pouvoir d’achat
.
Les syndicats maintiennent d’autant plus la revendication salariale que pour 2017, les résultats d’Air France et plus largement du groupe Air France-KLM sont très bons. Le bénéfice d’exploitation du groupe progresse ainsi de 41,8% sur un an à 1,48 milliard d’euros dont 588 millions pour Air France. La dette nette recule de deux milliards.
Apportant son soutien aux salariés d’Air France, la Fédération FO de l’Equipement, de l’Environnement, des Transports et des Services juge inconcevable que la direction de la compagnie refuse le partage des profits
. Pour la FEETS-FO, c’est d’autant moins admissible après plusieurs plans sociaux se chiffrant en centaines de millions d’euros d’économies qui se sont traduits par la perte de congés payés, le gel des salaires depuis 2011 et une perte de pouvoir d’achat considérable
pour les salariés.
À Air France comme dans toutes les entreprises et les services
indique la FEETS-FO l’augmentation des salaires des Premiers de corvée est une nécessité absolue
.
De son côté l’intersyndicale d’Air France indiquait ces derniers jours que cette journée de grève n’est que le point de départ d’un rapport de force qui se construit
.