Parcoursup : angoisse sur les algorithmes de l’été

Revue de presse par Michel Pourcelot

97 081 candidats inscrits sur Parcoursup, le site internet qui gère les inscriptions dans l’enseignement supérieur, n’avaient toujours pas d’affectation le 19 juillet 2018, selon les chiffres officiels. De plus, des accusations de sélection et même de discrimination ont été avancées. Les médias s’en sont émus. Aperçus dans la presse.

Le Monde
La question est : Partir en vacances ou rester ? Déménager ou continuer d’espérer une place à côté de chez soi ? Conserver ses vœux en attente de place ou s’inscrire dans le privé, hors Parcoursup ? Cet été, l’attente sur la plate-forme Parcoursup qui a remplacé Admission post bac (APB) pèse sur les aspirants étudiants et leurs familles [...] Chaque matin, c’est la même routine. Lancer la bouilloire et consulter Parcoursup, témoigne une maman d’Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine). Personne ne comprend que son fils, cinquième de sa classe en terminale S, soit sur liste d’attente dans plusieurs classes préparatoires scientifiques, et encore au 875e rang pour une licence scientifique à Paris.

Marianne
C’est là qu’interviennent les « algorithmes locaux », en outre machine à refuser des boursiers à Paris, notamment lorsque l’on se penche sur les filières de droit parisiennes, championnes toutes catégories des inégalités entre boursiers. Ainsi, l’université Paris 13 Villetaneuse-Bobigny accueillera l’année prochaine plus de 18% de boursiers, tandis que celle de Paris 1 Panthéon Sorbonne ne doit en recevoir… que 2%. Devant de tels chiffres, les enseignants du supérieur sont nombreux à pointer, à l’exemple d’Anne Bory, maîtresse de conférences en sociologie à la Faculté des Sciences économiques et sociales, l’hypocrisie du message gouvernemental : Ce n’est pas en intégrant 2% de boursiers que l’on va favoriser les étudiants des classes populaires ! s’étrangle-t-elle. Si le gouvernement veut permettre la discrimination positive des boursiers, pourquoi il y en aurait-il moins à Assas qu’à Roubaix ? A Paris qu’à Melun ? Pourquoi une telle différence entre les universités ? Beaucoup d’enseignants ne s’avancent pas, pointant seulement le manque de transparence du processus d’affectation de Parcoursup.

Le Figaro
Cependant, Des élus mais aussi des avocats saisissent justice et instances pour plus de transparence dans les critères de sélection. Les universités seront-elles contraintes de publier leurs algorithmes locaux dans le cadre de la procédure Parcoursup ? C’est ce que demandent, au nom de la transparence, des élus de tous bords. Et aussi peut-être au nom de l’égalité ?

Ouest-France
C’est l’un des principaux points de crispation autour de la plateforme Parcoursup : les algorithmes locaux. Au mois de mai, le ministère de l’Enseignement supérieur a publié un algorithme national dévoilant des critères d’acceptation pour chaque filière universitaire. Mais par la suite les universités ont, individuellement, conçu un outil d’aide à la prise de décision, appelé un algorithme local. Les établissements n’ont pas l’obligation de dévoiler les critères retenus par ces algorithmes.

Libération
Mais Voilà que le Défenseur des droits est invité à mettre son nez dans Parcoursup. Ce mardi [17 juillet], plusieurs organisations syndicales ont déposé une saisine sur son bureau, pour plus de transparence et au nom de la lutte contre les discriminations.

L’Obs
Car Parcoursup est-il un modèle de la méritocratie républicaine ou, au contraire, un instrument de discrimination sociale, et l’un des modèles du genre en France ?. Telle est la question posée à l’universitaire Hugues Bersini, spécialiste de l’intelligence artificielle, qui voit une conception politique et économique utilitariste inscrite au cœur même de la formule algorithmique de Parcoursup. Plus généralement pour lui : Parcoursup est l’un des plus beaux exemples de la gouvernance algorithmique dans laquelle entre actuellement notre société. Nos existences vont être de plus en plus ceinturées par des algorithmes qui vont prendre des décisions pour nous. C’est pourquoi des voix s’élèvent pour défendre l’idée que des citoyens lambdas doivent désormais être associés à leur écriture.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante