Dans un courrier daté du 24 octobre, le président du Medef Pierre Gattaz a proposé aux organisations syndicales d’établir un « diagnostic partagé plus approfondi » sur l’évolution du monde du travail, en préalable à une reprise des négociations sur l’assurance-chômage, qui avaient échoué en juin dernier.
Il porterait notamment sur le parcours professionnel, le travail indépendant, la flexibilité, la formation et le financement de l’Assurance chômage. A défaut, je ne crois pas que nous puissions renouer à court terme les fils d’une négociation sereine sur ce sujet
, prévient Pierre Gattaz.
Le Medef propose aussi d’innover collectivement dans la méthode
, en auditionnant des économistes ou France Stratégie, organisme de réflexion rattaché au Premier ministre. Mais pour FO, l’Unédic constitue le seul expert en matière d’assurance-chômage.
Les freins patronaux ne sont pas levés
Ce diagnostic permet au Medef d’occuper le terrain, réagit Michel Beaugas, secrétaire confédéral FO chargé de l’emploi. Il essaie de gagner du temps et fait le pari risqué que le prochain président de la République sera plus favorable à ses thèses.
En juin dernier, le refus du Medef de taxer les contrats courts, responsables des déficits de l’Unédic, avait fait échouer les négociations sur l’assurance-chômage. Les freins patronaux ne sont pas levés avec ce courrier, nous ne sommes pas demandeurs d’une réouverture des négociations
, ajoute le négociateur de FO, qui revendique toujours la mise en place d’un système de bonus-malus pénalisant les entreprises qui abusent des contrats courts.
« On tourne en rond »
Michel Beaugas estime également qu’un constat partagé a déjà été réalisé dans le cadre des groupes paritaires politiques sur l’Assurance chômage. Prévus par la convention Unédic de 2014, ces groupes de travail sont chargés de préparer les négociations nationales interprofessionnelles.
Ils ont fait le constat que c’étaient bien les contrats courts qui plombaient les comptes de l’Unédic, poursuit-il. On risque d’arriver aux mêmes conclusions et de bloquer sur la même question, on tourne en rond. On risque un second échec qui serait mortifère pour le paritarisme de l’Assurance chômage, mais le Medef fait peut-être ce pari. Dans son livre, le vice-président du Medef Thibault Lanxade appelle à la fin du paritarisme pour l’assurance chômage.
Si ce diagnostic se met en place, FO y participera mais demandera d’abord à discuter de la méthode, avant d’aborder les questions de fond.