Si les relations conflictuelles entre les syndicats de fonctionnaires et le ministère de l’Action et des Comptes publics aboutissent à cette grève, le ministère persiste malgré tout à imposer un agenda de rencontres, notamment pour la concertation de 2018 sur ses projets de réformes d’ores et déjà contestés. Illustration. Début mars, alors que la date de la grève était annoncée, le ministère a convoqué les syndicats à une première réunion plénière multilatérale le 12 mars afin d’examiner le « Document d’orientation pour la concertation » sur le nouveau contrat social
proposé aux agents. Document envoyé moins de huit jours auparavant aux organisations. Celles-ci ont boycotté la réunion convoquée de manière unilatérale sur les seules orientations
du ministère, lequel a alors prescrit une rencontre technique avec l’administration de la fonction publique (DGAFP) le lendemain matin 13 mars. En séance, les sept organisations (qui représentent 70 % des personnels) ont stigmatisé la précipitation du ministère à fixer des rendez-vous en amont de la grève et critiqué le document d’orientation aux marges de manœuvre extrêmement restreintes voire inexistantes
.
Le refus du passage en force
La DGAFP indique par exemple que l’avenir de l’emploi public c’est le contrat, pas le statut
, fulmine Christian Grolier (UIAFP FO). Pour les syndicats, tout cela n’est pas à la hauteur du dialogue social
, auquel le ministère se prétend attentif. Début mars encore, les syndicats ont constaté que le ministère n’avait ni répondu au préavis de grève adressé le 23 février, ni proposé de négociation comme la loi l’impose. Ce rejet implicite de toute forme de négociations
traduit un déni d’une véritable concertation
, constataient les sept syndicats ouverts au dialogue social dès lors qu’il est synonyme d’échanges et non de passage en force
. Le 8 mars, le secrétaire d’État chargé de la fonction publique leur annonçait qu’ils seraient reçus d’ici le 22 mars pour échanger sur les différents points qui motivent le préavis
. Rendez-vous était pris le 13 mars dans l’après-midi. Mais M. Dussopt a posé un lapin aux organisations. Le rendez-vous a été reporté au 19 mars, soit quatre jours avant la grève. Un délai bien court pour négocier, d’autant que le ministère n’a montré jusque-là aucune volonté de le faire. Le 22 mars, ce sera donc la grève.