Air France : fortes turbulences salariales

Revue de presse par Michel Pourcelot

© Syndicat Général Force Ouvrière Air France

Rassemblant tous les personnels, la journée de mobilisation à Air France, ce 22 février, a été quelque peu commentée dans les médias. Aperçus.

Challenges
Contre des salaires à ras du plancher des vaches à lait, les manifestants ont répondu à l’appel à la grève et au rassemblement lancé par 11 syndicats de pilotes (SNPL, Spaf, Alter), d’hôtesses et stewards (SNPNC, Unsa-PNC, Unac, CFTC, SNGAF) et de personnels au sol (CGT, FO et SUD). Tous réclament une augmentation générale des salaires de 6%, quand la direction propose 1%. Il n’y a pas eu une telle grève inter-catégorielle « depuis 1993 » et la suppression annoncée de 4 000 emplois, a affirmé Karim Taïbi de FO. On veut les 6% !, rends l’argent et #balance tes 6%, criaient des agents, sous une nuée de drapeaux syndicaux et autour d’une sono, tandis que d’autres tenaient des pancartes : Non aux salaires low cost, Retour sur l’investissement des salariés ou encore Nous voulons notre part du gâteau, une référence au DRH d’Air France, Gilles Gateau.

Libération
Et non pas la portion congrue, voire l’aumône : À l’origine du mécontentement, la revalorisation salariale appliquée en 2018, que les syndicats qualifient d’aumône. À l’issue de deux séances de négociations, la direction a mis sur la table un projet d’accord prévoyant une augmentation générale –la première depuis 2011– de 1% en deux temps, une revalorisation des indemnités kilométriques et une enveloppe d’augmentations individuelles (primes, promotions, ancienneté...) de 1,4% pour les seuls agents au sol. Accepté par deux syndicats minoritaires, la CFE-CGC et la CFDT, le texte a été invalidé par une majorité de syndicats, puis mis en œuvre de manière unilatérale par la direction.

Le Figaro
Et cela alors que les salariés sortent de sept ans de gel des salaires. Des efforts partagés par leurs cousins de KLM, afin de réduire les coûts face à la concurrence de Lufthansa et IAG, plus rentables et mieux armés pour acheter de nouveaux avions et assurer leur croissance. Mais, depuis 2016, les résultats du groupe Air France-KLM s’améliorent : 1 milliard d’euros de résultat d’exploitation en 2016, 1,48 milliard d’euros en 2017. Les bénéfices chauffent, les personnels gèlent.

Le Monde
Les revendications sont portées par les très bons résultats financiers enregistrés en 2017 par la compagnie aérienne, avec 590 millions d’euros de bénéfices, dans la soute. Un ancien délégué syndical rappelle que, depuis six ans, les personnels ont subi un blocage des salaires, des plans de départs à répétition et 10 000 suppressions de postes. L’intersyndicale réclame une hausse générale des rémunérations de 6 %. Très loin de la volonté de la direction, qui ne voulant céder s’accroche au tarmac malgré des résultats ascensionnels.

L’Est-Eclair
Les syndicats menacent d’un mouvement plus dur si la direction s’entête. La journée du 22 février n’est que le point de départ d’un rapport de force qui se construit, a-t-elle prévenu. Le SNPL, majoritaire dans les cockpits d’Air France (65 % des voix), consulte d’ailleurs l’ensemble des pilotes jusqu’au 14 mars pour recourir, au besoin, à un ou plusieurs arrêts de travail pouvant dépasser six jours. Une grève au long cours ?

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante